Charmes d'Asie - Les geisha

Publié le par Tigrou

Sensualité et érotisme


Les geisha (芸者) font partie, indiscutablement, des charmes de l'Asie. Mais, hélas, s'il en est des traditions du Japon qui sont dénaturées dans la vision qu'en ont les occidentaux, il s'agit bien de celle des geisha.


La vision occidentale

Associée à la prostitution en Occident, ce cliché a totalement dévalorisé cette tradition. Car, s'il est vrai que certaines geishas de bas niveau s'adonnaient à la prostitution, il en est autrement de la grande majorité des véritables professionnelles de l'Art de Vivre dont la sophistication a toujours été à l'opposé du monde glauque qu'on leur attribue. Hélas, tous les fantasmes d'exotisme, plus ou moins avouables, des occidentaux se retrouvent lorsque l'on évoque à ceux-ci le mot geisha (et je trouve cela bien dommage).


La tradition des geisha

Du japonais Gei (Art) et Sha (la personne), le nom de cette profession décrit bien son domaine : savoir par leur culture animer une réunion ou un dîner pour plusieurs invités (le plus souvent des hommes riches, influents et cultivés). Leur instruction méthodique comprenait, entre autres :


  • L'art de la danse traditionnelle,
  • La pratique d'instruments de musique (en particulier le shamisen),
  • Les chants traditionnels,
  • Le chanoyu (cérémonie du thé, que j'ai d'ailleurs décrite dans cet article),
  • L'ikebana (composition florale, que je décrirais sûrement dans un futur article),
  • La poésie,
  • La littérature japonaise.

Durant leur enfance, elles travaillaient comme bonnes, puis comme assistantes dans les maisons de geisha, les okiya (置屋), pour contribuer à leur entraînement mais aussi pour assurer le remboursement de la dette contractée pour le coût de cette éducation souvent onéreuse.

Les geisha étaient ainsi des hôtesses ou dames raffinées d'excellente compagnie destinées à divertir des personnalités riches et cultivées.

Les geishas de Kyôto, qui en réalité sont appelées les geiko (芸妓), et leurs apprenties, les maïko (舞妓), sont aujourd'hui encore l'un des héritages les plus vivants de la tradition japonaise, et jouent ainsi un rôle culturel que nombre d'occidentaux sont, hélas, incapables d'imaginer.


L'histoire des geisha

L'histoire des geishas est relativement récente puisqu'elles sont apparues vers 1660 à Edo. Elles sont le résultat de l'évolution des taikomochi ou hōkan, équivalent aux bouffons du Moyen-Age en Europe (les premiers geisha étaient ainsi des hommes). Au début de leur intégration aux geisha, les femmes étaient appelées onna geisha (女芸者) (littéralement : femme geisha). Aujourd'hui, toutes les geisha sont des femmes.

Elles furent rapidement appréciées pour leur éducation et leur raffinement dans l'art de converser et leur élégance. Elles devinrent assez vite les confidentes des hommes de la haute société ou des détenteurs du pouvoir. Mais en 1700, un décret shogunal voulut réglementer cette nouvelle profession et obligea les geishas à résider dans des "quartiers réservés" (Yoshiwara à Edo et Shimabara à Kyôto).

Devant ce regroupement forcé avec les prostituées des quartiers de "plaisirs", un certain nombre de geishas décidèrent de quitter l'établissement auquel elles appartenaient. Elles se regroupèrent alors en écoles à Gion (Kyôto) et Fukagawa (Edo). Ce sont elles qui maintinrent la tradition intacte la tradition et la culture des geishas.

Dans les quartiers "réservés", les anciennes geishas devinrent de simples courtisanes, dont seul le costume gardait un lien avec leur origine. A la fermeture de ces quartiers, elles disparurent également, laissant les seules geishas perpétuer la véritable tradition et le maintien de cette profession.

Après la Seconde Guerre Mondiale, le nombre de Geishas se réduisit de plus en plus pour ne compter aujourd'hui qu'environ 1.500 professionnelles accomplies regroupées en majorité à Kyôto dans le traditionnel quartier de Gion. La guerre, le comportement des soldats américains, après la défaite du Japon, et le tourisme occidental ont fait énormément de mal à cette tradition qui, à mon sens, montre combien il était possible de transformer chaque geste en un véritable art vivant.


Le costume des geisha et des maïkos

Dans l'art difficile de porter le kimono, la geisha est sûrement celle qui excelle le mieux. Son kimono est somptueux, égalant en richesse et raffinement celui du mariage. Il est de type Kosode avec des couleurs éclatantes. Entièrement réalisé à la main, il arbore de délicats motifs de décoration, et un obi (ceinture) large et coloré. La tenue de la geisha est moins voyante que celle des maikos. Celles-ci arborent un Furisode (manches longues) et une coiffure très chargée avec de nombreux peignes et ornements, afin d'attirer l'attention.

Chaque geisha possède environ une quinzaine de somptueux kimonos dont le prix peut varier de 12000 à 23000 €. Achetés par la patronne de son okiya, ils seront remboursés au fur et à mesure des gains obtenus par la geisha. Ce remboursement s'étale généralement sur plusieurs années.

La coiffure et le maquillage jouent également un rôle primordial. Les cheveux sont en fait une perruque (Katsura) reproduisant la coiffure compliquée (Shimada) en vigueur depuis l'ère Edo. Les cheveux sont remontés en forme de chignon (Mage) retenus par des peignes (Sashigushi). Les maikos y ajoutent des épingles (Kanzashi) avec des décorations brillantes. Le visage maquillé avec une poudre d'un blanc de porcelaine n'est dégagé qu'au niveau de la nuque, où apparaissent deux triangles de peau naturelle.


Charmes d'Asie - Les Geishas

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R
<br /> Bonjour<br /> <br /> <br /> je recherche une animatrice geisha pour des soirees a themes dans un restaurant japonais.<br />
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S
j'adore la photo !! Otsuka Ai est une des plus grande chanteuse japonaise  de pop !! je l'adore !!bon article !mais je trouve dommage de ne pas avoir mis une photo de geisha... le kimono est beau mais ce n'est pas un kimono de geisha...bon continuation pour le blog !
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T
Je l'avais déjà écrit : si les articles des Charmes d'Asie sont aussi bien renseignés que je le peux, les photos qui y sont jointes ne le sont pas autant. Elles sont seulement de jolies photos que j'aime beaucoup ...
G
D'après mes renseignements, le port du kimono répond à des critères  et à des codes ! le visage et le cou sont fardés mais la nuque largement découverte doit laisser voir une bande de 2 ou 3 cm de peau nue.Si tu as ou veux avoir des renseignements précis, on peut échanger surhttp://www.grain-de-sel.cultureforum.net
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T
Tout à fait d'accord avec toi : le port du kimono, du moins traditionnel, répond à des critères et à des codes assez stricts. ARTE a d'ailleurs diffusé un excellent reportage au sujet du kimono : il va d'ailleurs être prochainement rediffusé.jeudi, 6 décembre 2007 à 19:00 Rediffusions : 13.12.2007 à 16:50 19.12.2007 à 10:40
T
La photo est très jolie (hihihihi)! J'aimerais vraiment avoir un aussi beau kimono!Bisous
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T
Peut-être un jour ...Bisous
K
Bonsoir tigrou, passe un excellent week end
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T
Bonsoir Katy. Passe un bon week-end toi aussi