World Expo Gerone 2008 - Guerriers du Japon
Après ces premiers articles sur les figurines féminines, des dioramas du Far West et cette reine des ténèbres, voici un nouvel article sur le World Expo 2008 de Gerone.
Il est vrai que le dernier article sur ce superbe événement remonte à quelques jours et que je n'ai encore montré que quelques photos. Les plus curieux auront néanmoins sûrement déjà cliqué sur les photos des articles précédents pour accéder à mon album du World Expo sur Picasa. Pour les autres, voici donc quelques nouveaux photos sur des figurines de guerriers japonais : des Samourais et des Bushis. Et, pour illustrer ces photos, j'ai choisi de vous parler succinctement de l'Histoire des Samourais et de leurs ancêtres, les Bushis.
Bushis et samouraïs
On confond souvent ces deux termes qui correspondent à deux périodes et deux fonctions différentes de l'Histoire du Japon. Les Bushis apparurent réellement en 1185 quand ils gouvernèrent le pays. C'étaient des hommes de guerre en armures. Le combat au coeur des batailles était leur destinée. Leur rôle était toujours d'agrandir la puissance de leur clan et donc ils s'affrontaient entre eux, en combats singuliers.
Les Samouraïs, apparus en 1615, étaient des fonctionnaires armés. Ils obeissaient à des seigneurs tous unifiés. Ils constituaient dans la société japonaise une aristocratie qui gouvernait le pays pour le compte du Shogun. Leur devoir principal était de servir leur maître dans la gestion de ses domaines. Ils ne se battaient que très rarement.
Histoire des Bushis : de l'an 300 vers 1600
Les ancêtres des Bushis sont apparus à l'ère de Yamato. A cette époque, les clans familiaux appelés "Uji" se disputant le pouvoir, ils s'appuyaient sur des guerriers afin de défendre leurs possessions et leurs titres. Avec l'apparition d'un clan impérial, chaque Uji reçut une fonction dans le gouvernement du Yamato.
Le titre Shogun apparut également sous l'ère de Yamato, titre provisoire donné au général devant écraser les barbares non encore soumis. Durant la période de Nara, Fujiwara Nakamaro (qui dirigeait le clan dominant à la cour impériale), décida d'abroger la conscription militaire des paysans et de la remplacer par des guerriers professionnels moins nombreux mais plus sûrs et plus efficaces. Il venait, ainsi, de donner naissance à la classe des guerriers (Bushi) qui vont dominer le Japon durant 7 siècles.
Alors que se creuse le fossé entre la caste aristocratique et celles des guerriers, les grands clans guerriers (Bushidan) comme les Taïra et les Minamoto vont, dés 1160, prendre le pouvoir, et ce pour 7 siècles. L'avénement de Minamoto no Yoritomo marque l'arrivée au pouvoir des guerriers. En instituant le Bakufu (gouvernement militaire) le nouveau Shogun change toute l'organisation du Japon :
- Il instaure une noblesse militaire (Buke) en plus de la noblesse de cour (Kuge),
- Il crée un système de lignage entre chaque Bushi et son seigneur, codifié en 1232 par le code de Jôei,
- La vie économique et politique sont confisquées par les Bushis : la création de Jitô (officiers-percepteurs) et des Shugo (Gouverneur militaire des Provinces) permet au Bakufu de maîtriser toute la vie du Japon.
Période troublée de l'histoire du Japon, l'ère Muromachi démarre par la domination de nouveaux Shogun, les Ashikaga. La fonction impériale s'effondre dés 1467 avec la succession des Ashikaga, qui jette le pays dans une période d'un siècle de guerres incessantes, les fonctionnaires militaires prenant leur autonomie sous le titre de Daimyos. Ces derniers accroissent rapidement leur domaine en confisquant les terres des autres guerriers, qui sont obligés alors de se mettre à leur service. En l'espace de 50 ans, c'est toute l'organisation militaire des Bushis qui est modifiée, sous l'autorité de grands seigneurs, issus eux-même des rangs des guerriers.
Durant l'ère Momoyama, qui dura à peine 25 ans, le Japon va profondément changer. L'unification du pays par trois grands généraux (Oda, Toyotomi, Tokugawa) va bouleverser la structure de la société Japonaise et sonner le coup d'arrêt de la classe des Bushis dans la forme qu'elle avait acquis depuis près de 800 ans.
Pourtant, paradoxalement, jamais les Bushis n'auront connu autant de pouvoir, le pays étant aux mains d'armées immenses (parfois près de 300 000 soldats) qui sont le fruit d'alliances entre grands Daimyos, rassemblés autour d'un grand chef. La bataille de Sekigahara (1600) sera pratiquement la dernière que livreront les Bushis. Les grands combats se terminent et la paix qui suit pose la question de l'existence de la classe des guerriers devenus inutile.
Histoire des Samourais : de l'Ere Edo au Japon Moderne
Dans les décombres du Chateau d'Osaka, en 1615, s'achève l'ère des Bushis, et commence celle des Samourais. Des guerriers en armes, prêts à la guerre, vont naître les fonctionnaires du temps de paix faisant respecter l'ordre figé des Shogun Tokugawa. Délaissant l'armure pour le kimono, les Samourais vont cependant garder le Daisho, les deux sabres, symbole de leur autorité et de leur caste.
Peu à peu, les Samourais, qui restent toujours attachés à leurs seigneurs (Daimyos) vont recevoir une pension régulière qui va les transformer progressivement en fonctionnaires chargés du maintien de l'ordre. Gagnés par la nostalgie des exploits guerriers d'autrefois, les Samourais vont développer une dimension mystique autour de leur caste avec l'écriture et la propagation du Bushidô et du Hagakure qui leur serviront de code moral.
Mais l'arrivée des occidentaux en 1853 va sonner la fin de leur existence, avec l'affrontement des partisans du Shogun ou de l'Empereur Meiji. La victoire des clans favorables à l'Empereur vont amener le Japon à se moderniser à grande vitesse pour rattraper les pays occidentaux. En 1876, les Samourais sont invités à ne plus porter leurs sabres et deux ans après, la conscription nationale leur enleva tous leurs privilèges de caste.
En 1878, les Samourais disparaissaient à jamais.
Toutefois, plus de 120 ans après leur disparition, les Samourais continuent toujours d'influencer la société japonaise moderne. Durant la révolution Meiji, ce sont les Samourais qui formèrent l'élite du nouveau Japon et les valeurs du Bushidô, teintées de confusianisme, vont se répandre dans l'ensemble de la société comme modèle de pensée, avec ses valeurs d'effort, de fidélité et de ténacité.
A l'inverse, les Bushis du Moyen-Age sont très peu présents, et restent confinés aux livres d'histoire.